Monday 29 October 2012

Une deuxième année aux Templiers

C’est vrai que même si les 72km des Templiers n’étaient pas le grand objectif de l’année en 2012, j’avais quand même bien envie d’y aller faire un tour ! Surtout après avoir gagné en 2011, il me restait que des bons souvenirs de cette course si prestigieuse. C’était mon introduction à ce nouveau monde de trail à la française et même si j’avais quelques doutes sur la sagesse de retourner avec les pattes un peu cuites, je n’allais jamais réellement rater ce rendez-vous. Au final les Templiers aura été la seule course réalisée en 2012 à laquelle j’avais déjà participé dans ma vie. Que de nouvelles choses cette année. C’était le but, une année de découverte !


Les Templiers était ma 16ème compétition de 2012, alors qu’en 2011 elle avait été ma deuxième. Ce qui est drôle c’est que tout de suite après avoir gagné l’année dernière, je m’étais dis, «  si je retourne en 2012, il faudra absolument que je ne fasse pas trop de courses avant ». C’est la clé pour pouvoir l’aborder sereinement et avec les meilleures chances de performer sur une telle distance. Et j’ai complètement ignoré cette règle ! A la place j’ai opté pour le mélange de courses sur trois niveaux : au niveau local avec le Challenge des Trails de Provence, au niveau national avec la National Cup Salomon Endurance, et au niveau international avec les ultramarathons de Sky Running. J’avoue que j’avais prévu un peu trop, mais je sens que je ne m’en suis pas si mal sorti, même si les jambes ont eu du mal vers la fin de la saison. Une année calme en 2011 a été suivie par une année blindée en 2012. En 2013, je serai un peu plus raisonnable !


Du coup, j’ai du aborder les Templiers le weekend dernier avec les jambes qui n’avaient pas trop la pêche pour courir vite. Dès la première montée, alors que la tête de la course s’éloignait sur le chemin devant mes yeux, je me rendais immédiatement compte que ce ne serait pas aussi facile qu’en 2011. Une section de plat et une bonne vingtaine de coureurs se sont regroupés. Mes cuisses n’étaient pas détendues et mes mollets commençaient déjà à bloquer. Je les ai oublié donc, pour me concentrer sur d’autres muscles tout en essayant de rester aussi relax que possible, et de prendre du plaisir à courir sur les sections des petits sentiers rocheux. Avec un air bien frais et un terrain parfois blanc de gelée, les conditions étaient certes froides, mais elles étaient à la fois agréables. Il s’agissait d’une première sortie hivernale. Après tout, on est fin octobre.


J’arrive en bas de l’avant dernière montée importante. Je suis maintenant en troisième position, et les deux devant ne sont plus qu’à une minute. C’est exactement le même scénario qu’en 2011. En plus Thomas Lorblanchet est là, malheureusement en tant que spectateur cette année, – il reconnaît le parallèle, et il me dit « maintenant tu connais » ! Seul problème – je n’ai pas les mêmes jambes que l’année dernière lorsque je pourchassais les deux coureurs devant moi, Thomas et Thiery (Breuil). Dommage. Mais normal. Je fais ce que je peux dans cette montée, mais je perds du temps par rapport aux premiers, et ce sera le cas à partir de maintenant et jusqu’à l’arrivée. Je poursuis alors en quatrième place. Pas cool – la première place sous le podium ! Mais il n’y a rien à faire, je suis épuisé, je fais ce que je peux ! Seul espoir d’un top 3 maintenant c’est que l’un des trois de devant « explose » dans la dernière montée. Et je reconnais que cette possibilité est réelle, car la dernière bosse peut faire marcher un léopard comme un paresseux. A quelques centaines de mètres du pylône qui signifie le début de la dernière descente je vois Julian (Rancon). Il est à quatre pattes. Moi, j’ai mal. Lui il a l’air d’avoir encore plus mal. Je lui demande s’il est ok, et il me dit qu’il peine à voir le sentier. Je m’inquiète un peu, « Tu veux un gel ou quelque chose à manger ?». Il refuse, en demandant s’il y a d’autres coureurs derrière. Je pense que non. Ce n’est pas agréable de voir quelqu’un dans un tel état de fatigue, mais les émotions sont mixtes, car en même temps, je réalise la possibilité éventuelle de pouvoir décrocher une médaille, un résultat auquel je ne m’attendais plus. Et voilà, je bascule donc sur la dernière cime comme une limasse sur un pauvre tas de terre. Lentement et avec du mal. Mais c’est bon, j’ai plus qu’à descendre 400m jusqu’à Millau et je pourrai fêter la fin de la dernière course de ma saison. And YES, à l’arrivée il y a de la boue. Ca fait un an et demi que j’habite en Provence et ca fait donc un an et demi que je n’ai pas couru dans une bonne boue pareille. J’en profite. Je saute dedans. Je suis heureux. Heureux et crevé !



Trouvez tous les résultats ici


Merci à Ian Corless pour les photos


Monday 8 October 2012

Mind the Gapen'Cimes

(Une "blague" seulement compréhensible si tu as déjà pris le métro à Londres, donc pas du tout une bonne..!)

C'est dimanche matin, il fait encore nuit, et c'est parti pour le trail de Gap'en Cîmes. Et pour commencer - une boucle aléatoire en centre ville ! Il est 7h du matin, les magasins sont fermés et les rues sont vides. Assez rapidement, ça commence à grimper. Mais, globalement le parcours reste très roulant pendant la première heure de course. Sauf quelques passages dans le bois, rendus plus difficiles par le manque de vision... Personne ne voyait rien en fait. Seul Manu (Gault) avait pris le soin d'emmener la plus petite frontale qui existe pour ce début de parcours.


On approche 8h. Le jour se lève, et le parcours devient plus intéressant. Nous basculons à droite et nous commençons à monter sur la crête - le mur de roche derrière Gap. Ca monte et ça descend. C'est rarement plat et il y aura quelques passages bien rocheux et bien sympas. Au bout de cette section je rattrape le premier coureur et à ce moment là les balisages nous envoient sur la gauche. C'est parti pour une décente assez raide à travers des champs de vaches. Une descente à l'anglaise, je me disais, - de l'herbe assez longue qui masquait un mélange de terre et pierres en dessous. Doux ou dur, tu ne sais pas à quoi peut s’attendre ton pied. “Casse-gueule” est peut-être une terme plus approprié ! Avec un temps plutôt gris, frais et presque humide, je me sens de plus en plus comme si je faisais une “fell race” en UK. On a même droit à se tremper les pieds dans les bouses de vache.. C'est trop bien !

 

Mes jambes se plaignaient un peu au début, mais là je me sens de plus en plus à l'aise. J'ai maintenant complètement oublié les concurrents derrière, et je me mets dans mon petit monde de "allons nous amuser sur ce parcours et prenons un max de plaisir." Et là, au bout de 21km, j'aperçois ma femme Carole sur la route, avec nos deux petits. Mon fils me passe un gel, je suis étonné qu'il n'ait pas voulu le manger lui-même, ça rassemble à une compote il faut dire. Mais il sait qu'il faut courir pour en avoir droit. C'est pour ça qu'il fait souvent quinze mille tours de notre terrasse d'ailleurs. "J'ai couru Papa, je peux en avoir un maintenant ?"... (Mais ne vous inquiétez pas, je ne nourris pas mes enfants avec des gels. Ben, pas que des gels en tout cas !)... Les trois m'encouragent et je repars sur la section suivante davantage motivé pour les kilomètres à venir.

C'est à nouveau roulant. Je ne suis pas en grande forme. Mes cuisses ne me donnent aucune signe de fraîcheur. Les muscles ayant beaucoup de mal à récupérer dernièrement, mes cuisses en particulier ont des petits maux un peu partout. Je sais que ne suis pas au top - je peux le mesurer avec mon simple "indicateur gels", - plus tôt j'en ai envie, plus j'en avale, et moins je suis dans une forme explosive. Là, j’en mange cinq, plus deux pâtes de fruits. C'est beaucoup sur quatre heures de demie. Par contre, en dépit de état physique loin d’être parfait, je suis à l'aise. Dans une "zone" presque, pour utiliser une expression à l'américaine ! Le parcours me plait, ma famille est venue m’encourager, et j'ai envie de remporter ce trail et plus que ça, le Challenge de Trails de Provence. Donc je continue, à moitié en mode tranquille, à moitié avec les jambes en compote.. Et plus que ça avance, plus ça semble devenir facile. En fait, c'est une expérience assez bizarre !

 

On finit avec une bonne “bosse”. Presque un kilomètre vertical, en très peu de distance horizontale. Je marche. Il n'y pas d'intérêt à trop forcer les choses. Au sommet, je vois que je dois avoir une bonne dizaine de minutes sur les poursuivants, je bascule et je descends prudemment donc, pas la peine de tout déchirer dans cette dernière descente, même si cela faisait assez envie...

L’arrivée est très sympa, avec beaucoup de monde présent. Je franchis la ligne en 4h35, bien en dessous du record apparemment, et je suis très heureux de remporter cette étape de finale et le Challenge Provençal. Cette série de courses regroupe les meilleures courses de la région, et pour moi particulièrement, en tant que nouvel arrivant, quelle belle façon de découvrir ce que le trail à la Provençale peut offrir à ses “traileux et traileuses”. J'affirme que c'est pas mal ! Rien à voir avec les Fell Races de mes origines, non c'est autre chose, mais ça me plait bien. Il y a une forte possibilité de me retrouver sur quelques uns de ces parcours en 2013, c'est sûr, même si j'ai pas encore réfléchis à l’après 2012.

 

Là honnêtement je commence à me sentir en fin de saison. Mes jambes seront contentes d’avoir une petite pose de compétition. Une période sans objectif. Et ça tombe bien, car on arrive à la fin de la saison. Cependant, il ne faut pas oublier les Templiers ! L'année dernière cette course là était devenue l'objectif de l'année, sachant que c'était seulement ma deuxième sortie après une longue période de blessure. Cette année j'ai heureusement pu faire beaucoup plus de choses. Je ne visais donc pas tout sur cette course historique cette année. J'y attache moins d'importance certes, mais en même temps je préférais l'aborder avec quelques chances de figurer vers la tête de la course. Solution: trois semaines très tranquilles. L’objectif sera une “reconstitution” d'énergie, de faire le plein des batteries, plutôt que de m'entrainer à fond. On verra bien ce que ça donnera...

 

Résultats Gapen'Cimes

Données Suunto

Merci à Robert Goin pour les photos (à part celle du métro)